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ForensiqueSûreté d'entreprise

Le cerbère de la sûreté

Vouloir travailler de manière scientifique sur la sûreté, notamment d’entreprise, mène à quelques désillusions. En effet, si l’on trouve nombre de discours, de déclarations, voire de formules chocs, on ne peut que constater un faible appel aux scientifiques (ce qui se remarque notamment lors des colloques et événements annuels comme l’indiquait déjà ce billet) et à leurs productions qui ne sont pas estimées sources d’inspiration. S’il est louable que les praticiens se réunissent entre eux pour confronter leurs expériences et formaliser des bonnes pratiques, constater que les mêmes sujets sont abordés depuis un certain temps peut laisser l’observateur perplexe, alors même que les sujets de réflexion ne manquent pas. Il convient donc de rechercher les raisons de cet apparent immobilisme, et nous pouvons en identifier trois qui se nourrissent mutuellement.

A tout seigneur tout honneur, débutons par Norbert Elias, célèbre sociologue allemand qui estime que plus le sujet est traité selon les affects, moins il est maitrisé et plus il entraine un traitement selon les affects. Nous sommes ainsi dans un cercle vicieux semblant paradoxal, dans la mesure où des spécialistes et des praticiens traiteraient leur sujet de prédilection selon leurs affects. Ce paradoxe cesse d’en être un lorsque nous nous penchons sur le vocabulaire utilisé. Si l’on aime à rappeler que “ce qui se conçoit bien s’énonce clairement”, la sûreté ne montre pas l’exemple tant les termes pour en parler abondent : sécurité, sûreté, sécurité-sûreté, etc. La conjugaison de ces deux éléments conduit alors à fermer le milieu à tous ceux qui n’auraient pas montré patte blanche.

S’ensuit que nous pouvons nous demander si la principale difficulté de la sûreté d’entreprise ne résidait pas dans le fait qu’elle se trouve gardée par un intraitable cerbère dont les trois têtes sont le vocabulaire, les croyances et la fermeture du milieu ?

Source

Le vocabulaire

Arrêtons-nous sur le terme de sûreté qui s’avère peu adapté à décrire la profession, car son sens demeure inconnu du grand public, d’autant qu’il cohabite avec celui de sécurité. Le distinguo est peu connu, et la confusion s’accroit lorsque certains annoncent que leur direction s’appelle sécurité mais qu’ils font de la sûreté et que d’autres précisent qu’ils font de la sûreté “au sens security” du terme… Si les praticiens ne s’accordent pas sur un même terme pour décrire leur métier, comment les autres salariés de l’entreprise peuvent-ils comprendre ce qu’ils font, ce qu’ils peuvent leur apporter et donc à quel moment les appeler ? Car l’enjeu est ici : si on ne sait pas expliquer clairement en une quinzaine de secondes ce que fait la sûreté, personne n’y fera appel dans l’entreprise, à part les quelques happy few. Il ne s’agit donc pas d’entrer dans un débat sémantique d’expert, mais de faire comprendre, par un terme clair, ce que la sûreté peut apporter à l’entreprise. Le fait qu’il n’existe pas de socle commun à toutes les sûretés, mais qu’elles sont décrites comme dépendant du praticien entretient cette confusion.

La querelle sur les termes ne s’arrête cependant pas à celui servant à désigner le métier. Elle peut s’étendre à bien d’autres abondamment utilisés et devenus d’usage courant parmi les “initiés”. Il en est ainsi du célèbre continuum de sécurité dont tout le monde parle mais que peu sauraient définir simplement. L’incongruité du terme saute aux yeux si l’on s’y arrête un peu. Un directeur sûreté peut-il en effet participer à un continuum de sécurité ? S’il s’agit d’un continuum, comment passe-t-on d’un état à un autre, que ce soit dans le sens “montant” ou “descendant” ? Comment les forces étatiques et les privées se transmettent-elles un “dossier” ? Notons également que si le terme est d’un usage répandu, sa définition demeure encore cachée aux yeux du grand public, et nul ne s’est réellement aventuré à en proposer une.

Enfin, un troisième terme de vocabulaire renforce l’imbroglio régnant. Il s’agit de celui de stratégie, plus précisément de son adjectif “stratégique”. Il est également convenu dans les discours de qualifier la sûreté de stratégique. Cependant, personne n’explique ce que signifie ce terme, comme l’aveu de son ignorance constituait une faute grave. Pour l’Académie française, est stratégique (par extension) une chose, en particulier d’un lieu, qui revêt une importance décisive dans la perspective d’un affrontement armé ce qui n’est pas le cas de la sûreté laquelle ne prépare pas l’entreprise à un tel affrontement. C’est aussi, également par extension, ce qui joue un rôle essentiel, particulièrement important. Ce pourrait être le cas de la sûreté, mais toutes les directions d’une entreprise pourraient se prévaloir de ce qualificatif au motif que, sinon, elles n’existeraient pas. Ce caractère stratégique de la sûreté est pourtant répété à l’envi et régulièrement.

Les croyances

La deuxième tête du cerbère qui enferme la sûreté dans sa redoutable gueule est constituée des croyances, intimement liées au vocabulaire employé. Rappelons que selon wikipedia, une croyance est le fait d’attribuer une valeur de vérité à une proposition ou un énoncé, indépendamment des éléments de réalité confirmant ou infirmant cette proposition ou cet énoncé. Ainsi, une croyance ne sera jamais démontrée (puisque décorrélée de la réalité) ce qui n’empêchera pas ses tenants de la répéter ad libitum ou ad nauseam afin d’y rallier le plus grand nombre. Il n’est d’ailleurs pas possible d’argumenter contre une croyance ou ses zélateurs, car ces derniers réfutent tout débat à son sujet.

Ainsi, la sûreté est réputée stratégique. C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter, mais dans la mesure où aucun élément de preuve ne vient étayer cette expression, nous demeurons au niveau de la croyance, répétée systématiquement. Cependant, comment pourrait-elle l’être alors que les chefs d’entreprise ne la qualifient jamais de cette manière, que ses directeurs ne sont pas membres du comité stratégique de leur entreprise, que la définition de la stratégie de l’entreprise ne prend pas systématiquement en compte les avis du directeur sûreté et que, in cauda venenum, un ancien président d’une association professionnelle a estimé que le premier facteur de choix d’un général comme directeur sûreté était le “chic”, nuisant ainsi sérieusement à l’image de la sûreté et de ses praticiens ? Car de deux choses l’une : soit la sûreté est effectivement stratégique et alors son directeur est une personne sur laquelle le chef d’entreprise peut s’appuyer, soit on le recrute pour le “chic” et elle n’est alors, au mieux, qu’une hypocrisie organisationnelle. Comme toute hypocrisie organisationnelle elle peut rendre de fiers services, mais n’en demeure pas moins une hypocrisie organisationnelle. L’affirmation du caractère stratégique de la sûreté ne deviendra une vérité que si les faits le prouvent. Il faudrait pour cela non seulement modifier le vocabulaire, mais également travailler à définir correctement le terme qui la décrit, sa juridiction, les qualités de son praticien et la façon dont il peut être formé. Ce dernier point n’est pas accessoire, mais lorsqu’un ancien président de la SNCF affirme que le directeur sûreté doit provenir du métier et qu’ensuite l’entreprise le formera à la sûreté, il est permis d’exprimer de sérieuses réserves quant à son caractère stratégique. Il en est de même lorsque nous voyons des entreprises du CAC 40 laisser s’instaurer une vacance de plusieurs mois pour ce poste.

Parce que la sûreté s’est rapprochée de la sécurité, vraisemblablement afin de former un lobby plus écouté par les ministres, elle en a adopté les croyances. Ainsi en est-il des discussions relatives aux caméras de vidéo surveillance ou protection, réputées dissuasives et donner des résultats. Pourtant, aucun rapport ne vient exposer les chiffres de l’efficacité de ces caméras, aucune statistique ne permet d’affirmer que la décision des tribunaux a été emportée par les images d’une caméra de vidéo surveillance. Nous sommes ainsi dans le domaine de la croyance et non dans celui de l’argument raisonné. D’ailleurs, tout le monde s’empresse d’oublier que la dégradation des caméras dans la cité de la grande borne puis leur protection par des plots de béton et enfin leur gardiennage par des policiers constitue le meilleur contre-argument possible. Plus près de nous dans le temps, Brian Thompson, dirigeant de United Healthcare a été assassiné à New-York malgré la présence de caméras de surveillance dans la ville. L’une d’elles a d’ailleurs enregistré la scène, mais n’a pu l’empêcher. Depuis le rapport sénatorial de 2009 qui estime que globalement (…) la vidéoprotection de voie urbaine permet de réduire le niveau de délinquance et a un effet préventif significatif, aucune étude officielle ne prouve que cette estimation est avérée. Voici une étude qui mériterait d’être actualisée.

La fermeture du milieu

La troisième tête de ce gardien mythologique est constituée par la fermeture du milieu, que ressent toute personne qui n’y appartient pas. S’il est sain et bon de se retrouver entre pairs, il est tout aussi indispensable d’ouvrir la réflexion à des personnes extérieures pour la stimuler. Comme nous l’avons déjà signalé dans un autre billet, la communauté de praticiens ainsi que les associations qui les représentent se montrent assez fermées. Reprenons le commentaire d’O. Ribaux dans Police scientifique, le renseignement par la trace à propos de Vollmer qui écrivait en 1930 “le temps est venu pour les départements en charge de la police de se permettre d’admettre franchement que la science peut les aider à appréhender le criminel” ; Ribaux la commente ainsi Il se heurtait à des résistances farouches : d’une part, cette ouverture universitaire collait aux  policiers une étiquette d’intellectuels embarrassante pour des hommes d’action, et, d’autre part, des milieux académiques considéraient cette association avec la police avec méfiance et estimaient que l’Université sortait de son rôle en hébergeant une telle formation professionnelle. Ouvrir un milieu d’hommes d’action à des réflexions universitaires n’est jamais aisé.

Cette fermeture du milieu se constate par la faible attention portée aux travaux scientifiques de la part des associations de praticiens. Peu en effet sont invités à venir exposer leurs travaux sur la question, alors même que les praticiens ne les critiquent pas. Cette attitude est d’autant plus étrange que des associations regroupant des directeurs d’autres fonctions d’entreprise se montrent plus ouvertes aux études scientifiques. D’où il s’ensuit que, lors des grands événements organisés par ces associations professionnelles, peu de voix discordantes sont autorisées à s’exprimer. La comparaison avec le milieu forensique qui accueille volontiers des études scientifiques, voire les provoque, montre l’étendue du chemin restant à parcourir.

Conclusion

La sûreté d’entreprise est confrontée à un enjeu actuel de taille : demeurer dans un certain immobilisme pouvant mener à son instrumentalisation, ou s’affranchir de Cerbère pour progresser et cesser d’être assimilée à une potentielle barbouzerie. Si l’un des travaux d’Hercule a consisté à capturer Cerbère, les travaux à mener pour que la sûreté progresse s’y apparentent.

Par quelle tête commencer ? Si l’une d’elles devrait faire réagir, il nous semble que la fermeture du milieu devrait faire prioritairement réagir : le conservatisme ne peut que desservir la fonction alors même que l’environnement tourmenté, voire troublé, appelle une sûreté forte. Seule une ouverture à la science aidera la sûreté à surmonter les croyances qui l’emprisonnent.

Une réflexion sur “Le cerbère de la sûreté

  • KERDONCUFF

    La sûreté traitée selon les affects, oui ! mais la sécurité l’a également été suite à de nombreux sinistres parfois lourdement endeuillés (Bopal /Seveso/ le 5 à 7 / Pailleron/ etc.).
    Mais passé le moment d’émotion, la sécurité a tiré des enseignements de ces événements et a créé un corpus réglementaire, ce que n’a pas fait le domaine de la sûreté en entreprise qui a très peu formalisé son cadre d’action et peu développé son volet scientifique comme tu le précises Philippe. D’où l’adage que je cite régulièrement « la sécurité est une science quand la sûreté est un art »
    Je ne pense pas me tromper en disant que contrairement à la sûreté le domaine de la sécurité a construit son cadre d’action, de manière méthodique et globale, et cela depuis plus de 50 ans. En voici quelques preuves :

    La sécurité à formalisé ses missions ainsi que son organisation en s’intégrant aux textes législatifs et/produisant ses propres textes réglementaires :
    – Elle s’est intégrée au Code de la construction et de l’habitation puis au Code du travail
    – Elle a ensuite décliné des règlements, décret et arrêté et circulaires pour les Établissements Recevant du Publique (ERP) les habitations, les IGH, les ICPE etc.
    – Elle a créé des référentiels techniques sur les moyens de secours (SSI, extincteur, porte coupe-feu, système d’extinction auto, etc.)
    – Elle a rédigé des normes pour ses installations techniques en collaboration avec l’AFNOR et les installateurs/ intégrateurs
    – Elle a exigé des notices de sécurité déposées en mairie pour tous permis de construire (PC) (Établissements recevant du publique, entreprises, Immeubles habitation ou tertiaires etc.)
    – Elle a donné naissance aux commissions consultatives départementales de sécurité
    – Elle a innové par la simulation numérique pour imposer l’ingénierie de sécurité incendie (ISI)
    – Enfin elle a imposé des contrôles périodiques sur ses installations par des organismes agréés (SOCOTEC , VERITAS,DEKRA…

    Mais la sécurité ne s’est pas cantonnée à créer un référentiel documentaire et réglementaire elle a pareillement défini les missions et formations des acteurs humains :
    -Création des diplômes ERP/IGH de niveau 1, niveau 2 et 3 (aujourd’hui SSIAP 1, SSIAP 2 et 3)
    – Exigences de recyclage et cela dans des centres de formation agréés
    -Création de la qualification » enquêteurs en recherche et cause incendie » (RCCI)
    -Création à l’ENSOSP du diplôme de Brevet de prévention pour les préventionnistes
    -Création de la fonction officielle de mandataire de sécurité et de Responsable Unique de Sécurité (RUS)

    Enfin le volet technique et matériel n’a pas été oublié, il a également été formalisé
    -Homologation des équipements de sécurité incendie, compatibilité des équipements exigée, formalisation de la maintenance et des contrôles périodiques réglementaires
    -Création de la fédération française des métiers de l’incendie (FFMI)
    Et pour suivre tout cela, puisque le sujet de ce billet est le cerbère, elle s’est créé une « tête » : la Direction Générale de la Sécurité Civile (aujourd’hui DGSCGC)

    Mais pourquoi la « Sureté » n’en n’a pas fait de même pour se libérer de ses « croyances » ; malheureusement cela n’a pas été le cas du fait que c’est un métier bien plus récent que le métier de la sécurité. De plus historiquement la sûreté n’a heureusement pas eu à vivre d’aussi nombreux événements avec des dizaines ou centaines de morts, dus à son niveau de défaillance . Exception peut-être de la sécurité aérienne qui depuis de très nombreuses années a elle réussit à encadrer la sûreté humaine et ses moyens techniques associés.
    À sa décharge, fixer ses règles n’est pas simple pour la sûreté car la France est le pays des libertés, de la libre circulation, de la protection des données personnelles ; alors comment faire accepter en douceur aux collaborateurs ou visiteurs des règles pour « interdire » les accès, « les contrôler », « les surveiller » dans leur milieu professionnel ?
    Comparée à la sûreté la sécurité est historiquement mieux ancrée dans la vie quotidienne des français, elle est également associée aux métiers de sapeurs-pompiers, ce qui permet de décliner plus facilement une organisation similaire au service de l’Etat dans les ERP ainsi que les entreprises.
    La sûreté, métier plus jeune donc, est associée aux missions des policiers, incitant les entreprises à recruter d’anciens policiers ou militaires pour diriger un service efficace contre les agressions et les malveillances. Malheureusement ces « officiers » reconvertis, avec une image plus « sombre » que celle des pompiers, ne possédaient plus leur pouvoir d’enquêteurs ou pouvoir d’arrestation. Ils ne pouvaient même pas s’appuyer sur des textes officiels régissant la fonction de directeur sûreté. Bien au contraire le code du travail les ralentissait ou les empêchait dans leur action .
    À cela sont venues s’ajouter des difficultés organisationnelles et opérationnelles dues au faible niveau de formation des agents de surveillance (ADS). Phénomène aggravé par des organisations syndicales des métiers de la sécurité privée qui historiquement n’ont jamais réussi à s’unir et même s’accorder (SNES, USP), alors que pour la sécurité la Fédération Française des Métiers de l’Incendie (FFMI) répondait d’une seule voix.
    Certes pour la sûreté, l’État y décelant des failles, a fait de nombre efforts pour se structurer souvent d’ailleurs en s’inspirant du domaine de la sécurité. Ainsi la loi du 21 janvier 1995 a posé les bases de la prévention de la malveillance dans l’urbanisme et la construction par l’Étude de Sûreté et Sécurité publique (ESSP) équivalent sûreté de la notice de sécurité de permis de construire (PC) citée ci-dessus. Malheureusement le décret …d’application ne verra le jour que 12 ans plus tard… Autre innovation, la création en 2010 de la fonction de Délégué Interministé-riel à la Sécurité Privée ; mais dans ce titre le mot « SÛRETÉ » n’apparaît pas, cette dernière a encore un nom à se faire.
    La faible cohérence de la sémantique dans les textes législatifs est bien regrettable car elle laisse ainsi un flou entre sécurité et sûreté. Si pour un juriste ou un expert la différence entre sécurité et sûreté est claire, il est à regretter que la définition du mot sûreté n’ait jamais été officialisée ; Le terme « Sécurité publique » régulièrement employé a fait perpétuer cette con-fusion parce qu’en Droit il est lié par définition à « délinquance » ; pour le quidam il aurait été préférable d’employer le mot Sûreté.

    De même pour le volet humain, alors que l’on créait le CNAPS, en raison de désaccord des syndicats et de lobbying, il a été impossible de dépoussiérer la loi de 1983 régissant les métiers et missions des agents de surveillance.
    Pour répondre à ta question Philippe je te dirai qu’il faut couper les 3 têtes du cerbère, afin de lui greffer 3 nouveaux cerveaux : L’un pour développer l’organisation, pour l’autre l’humain et le dernier la technique. La sécurité à une histoire, celle de la sûreté est à écrire.
    Plus qu’une stratégie il faut urgemment pour la sûreté une vision globale, car sans organisation ni moyens précisément définis, difficile d’appliquer une stratégie. Précision importante, cette vision globale Sûreté ne doit en aucun cas nuire à celle de la Sécurité, et inversement : ces deux métiers sont opérationnellement indissociables.

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